Actuellement on a le choix dans la musique.
A ma droite: Le bobo niaiseux mal baisé et mauvais amant, aigri de tout, bon chic bon genre juste ce qu'il faut avec le cheveux soigneusement dépeigné comme au sortir du lit, la cravate négligemment dénouée sur une chemise de soie mal repassée qui nous assène sa désespérance d'une voix doucereuse et sans émotion. Galvaudant un message de pseudo révolté créchant encore chez papa maman à trente piges. "N'ayons l'air de rien, faisons comme si rien ne nous affectait…"
A ma gauche: La lolita bimbo fringuée comme pour attendre le client rue de la gare, seins et lèvres siliconés, peinturlurée comme Geronimo un matin de bataille, une voix de phtisique, aussi inspirée qu'une planche de découpe à l'étal d'un boucher dont elle est la viande à consommer et l'indigence intellectuelle d'une paramécie.
"L'important dans ce que je chante c'est mon cul."
Et puis il y a les quelques autres, très rares, aux publications intimistes, qui n'attendent rien de personne, qui tracent leur route sans se soucier des ventes dans les galeries marchandes des supermarchés, qui n'ont cure de reconnaissance et de hit parade. Dont le seul but est d'exister pour les gars de leur meute aux amitiés indéfectibles.
La race des seigneurs quoi. Des gars teigneux, têtus, qui gueulent pour leurs potes de galère, qui n'ont qu'un seul credo, mettre leurs tripes à l'air et nous nettoyer le cœur à grands coups de pieds dans l'égoïsme et les idées reçues.
Des statues d'obstination acharnée comme ces géants de pierre dressés depuis X années face à l'océan, dont rien ne peut ébranler la solidité, qui offrent au regard des hommes l'image de la conviction et de l'humanité, majestueuses même une fois couchées à terre.
Il y a dans cet album une révolte, une insurrection contre toutes les saloperies qui nous entourent, un coup de gueule digne et inflexible qui ne s'accommode d'aucun compromis ni d'aucune trahison envers ce qui semble être une ligne de conduite d'adolescent trentenaire idéaliste et borné.
Ce gars transgresse allègrement l'ordre établi sans concession pour édicter ses propres règles qui sont celles de l'amitié et de l'honnêteté et celui qui arrivera à le museler n'est pas encore né!
Ça commence par un enregistrement de battements de cœur et je vous assure que le votre va être secoué en écoutant cette galette.
Chaque titre est un petit bijou de sensibilité et d'intelligence qu'il sème pour ses potes au vent de son cher pays pyrénéen de cette voix si particulière, légèrement aigre, et pourtant si chaude la surprise passée, tant ce mec met ses tripes dans ce qu'il chante.
Que dire de ses rêves d'enfant qu'il continu de poursuivre au fil de chacun des ses albums, ils sont splendides et impossibles. Et pourtant on aimerait tant y croire, on aimerait tant que son monde balaye d'un coup toute la laideur qui nous entoure. Et l'espace d'un instant ce bougre de gentleman y arrive!
Il est des rocs chamboulés par la vie, meurtris, blessés dont les lézardes sont l'unique refuge de bluettes majestueuses.
" L'avenir est flou et incertain
Mais nos rêves sont fous
Grand est notre destin
Sûr, demain ce monde sera le mien
Comme une bulle au creux de la main
Attendant qu'un souffle léger
Le fasse décoller."
Ce n'est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu'elle exige. [Albert Camus]
Dans tes parages.
Les matins sont petits et gris
Sans trouver les mots pour le dire
Les feuilles de cahier noircies
Sans jamais personne pour les lire
Quand je suis dans tes parages
Tous mes mots sont dérisoires
Sonnant comme le pire verbiage
D'un petit Dom Juan d'un soir
Je ne trouve rien d'inédit
Pas une image à la hauteur
Rien qui vaille d'être dit
Rien pour accélérer le cœur
Quand je suis dans tes parages
Seul le silence s'impose
Le verbe est traître et volage
L'âme ne souffre pas la prose
Seul le silence s'impose.
Les derniers gentlemen.
Traverser la vie
Droit comme un i
Prêt à tout laisser
Pour une idée
Sans compromis
Pas de "mais", de "si"
Pas de tiède ou de gris
Toujours pur
Toujours sûr
Choisir et renoncer
Et surtout ne jamais plier
Soyons les derniers
Les derniers gentlemen
Sans jamais se soucier
De savoir où cela mène
Ne rien posséder
Que l'on ne puisse emporter
Dans son âme ou son cœur
Prendre soin de son honneur
Litiges réglés
Au fil de l'épée
Sur le pré dans l'heure
Ou quand la nuit se meurt
Toujours pur
Toujours sûr
Choisir et renoncer
Et surtout ne jamais plier
Soyons les derniers
Les derniers gentlemen
Les derniers rescapés
D'un temps qui n'est plus le même
Retrouvons nous sur les remparts
Murailles ébréchées de la tour de garde
L'armada surgit à l'horizon
Derniers regards, nous dégainons.
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