« Si tu trouves que c’est trop fort c’est que tu n’es pas un homme… »
Ouais ben justement les gars, je suis une femme et c’est trop fort.
Alors en résumé c’est un bon i³.
Insupportable, inaudible, inconsistant.
Mais je suis curieuse et je voulais tenter le truc. J’étais prévenue, ça allait booster.
Plop ! Plop ! Deux bouchons d’oreilles filtrant à 36 décibels et me voilà parée.
J’avais déjà une idée après l’écoute de certains de leurs albums. Musicalement c’est assez peu original, mais bon, ça passe. Je me disais que la scène était peut-être plus leur domaine.
En fait ces gars compensent leur indigence musicale en balançant cinquante millions de décibels.
Ce n’est pas bon. Ce n’est pas mauvais. C’est juste inconsistant.
Je connais dix groupes d’amateurs qui balancent plus que ça sans faire d’esbroufe.
Les compositions sont faibles, sans originalité, pas du rock, pas du métal, non juste de la musique de magasin de moto pour vieux hardos.
Lemy a une voix de vieux roquet asthmatique, même pas puissante, limite juste, le charisme d’une moule, une présence scénique d’une pauvreté affligeante, je m’attendais à une bête de spectacle je n’ai vu qu’un vieux faux rocker mal fringué, fatigué et sans punch. Ce gars vient juste au turbin.
Son compère est un peu plus attachant, quelques bon soli, un peu plus de dynamisme, mais pas de quoi casser trois pattes à un canard.
Aller, une pas mauvaise impression du batteur dont j’attendais l’exhibition sur « Sacrifice », il assure bien même si ça tombe un peu comme un cheveux sur la soupe mais il fallait bien que quelque chose m’accroche dans cette soirée et la batterie étant mon instrument de prédilection (qui a dit que Portnoy est un rigolo au fait ?)
Le show par lui-même… Et bien avec des moyens pareils on pouvait prétendre à mieux. Un jeu de lumières blanc/bleu/rouge en boucle sans aucune originalité, quant au mur de Marshal derrière les musiciens c’est du grand n’importe quoi.
Dans les concerts je me place toujours devant la table de mixage, j’y ai donc le son le plus fiable et j’y suis à l’abri des bousculades. Cette fois ci un gentil gorille à la carrure impressionnante, mais plus petit que moi (ouf) me faisait barrage avec la foule.
Public impressionnant d’ailleurs, le Zénith était plein à craquer. Ça allait du jeune métalleux venu pour se défoncer le crâne aux décibels au vieux motard qui ne se défonce plus à rien vu qu’il est déjà sourd comme un pot d’échappement.
Quelques très beaux tatouages, des pogos gentillets dans la fosse, une ou deux godasses qui volent, des effluves de bière et de chichon mais pas plus que d’habitude.
Ah si ! J’ai découvert une nouvelle utilisation des téléphones portables. Ne vous évertuez pas à crier dans l’oreille de votre compagnon. Pianotez votre question sur le clavier c’est le dernier outils de communication du hardos en concert.
A un moment j’ai observé le travail des sonorisateurs. L’un deux portant un casque. Je vous flanque mon billet qu’il écoutait « Systematic Chaos » histoire de se faire des vacances.
J’aime bien ce genre de soirée. J’y viens un peu comme une ethnologue. Je me mets dans ma coquille et j’observe à défaut d’avoir du plaisir à écouter le concert.
Je suis venue. J’ai vu. J’ai vaincu
Bon vous imaginez bien que j’ai compris que si MOTÖRHEAD rempli les salles depuis tout ce temps c’est qu’il y a des raisons.
Reste à savoir quelles sont ces raisons et quelles sont mes raison de ne pas aimer ce genre de spectacle.
Je vais reprendre un peu plus en détail.
* L’attitude scénique de Lemmy.
Ce gars est âgé. Il est statique sur scène. Campé sur ses deux pieds, il exécute sa musique, sans fioriture, son corps ne joue pas. Dans le genre momie il est super réussi même si les doigts ne tricotent pas trop mal (bien que ce ne soit pas à proprement parler un bon musicien). Il ne vit pas sa musique. Je ne l’ai pas vu à 20 ans mais j’imagine qu’il devait tout de même plus remuer quand il était plus jeune.
Quand je lis que c’est « classe » d’arriver sur scène le clope aux lèvres ça me fait doucement rigoler.
La cigarette vient juste d’être allumée en coulisse et il la jette au bout de trois bouffées, mais ça fait parti du « show »…
Quant à son image d’alcoolo c’est complètement photographié, c’est du vent. Vous tous ici savez très bien qu’il est quasiment impossible de jouer bourré en groupe. Le spectacle est trop carré et trop bien rodé pour que ce soit crédible une minute. Si vous saviez le nombre de bouteilles de whisky que j’ai rempli d’ice tea en coulisse…
Mais bon, c’est son image, il la préserve, c’est du flan mais c’est l’image que le public a envie de voir. On va dire que c’est un bon commerçant.
Ses fringues. Rien de bien original non plus, quant à ses cheveux, gras de la même façon d’un bout de l’année à l’autre soit il a d’énormes problèmes hormonaux, soit il a un très bon gel.
Pour ce qui est de son charisme à l’exception d’une vanne en français tout se passe du côté de l’autre guitariste. Je maîtrise très peu l’anglais mais à part quelques « fuck bidule », « fuck truc », « that’s rock’n’roll » etc.… Rien.
Comme je l’ai déjà dit, ce gars est au boulot.
* La qualité musicale. Dans ce style c’est assez quelconque. C’est du bon hard rock bien couillu certes, mais je n’ai rien entendu d’innovant. Je ne dis pas que ça ne l’a pas été à leurs débuts, c’était tout à fait dans la mouvance révolte des années 60/70.
Eclater les structures, se laisser aller à des pulsions violentes, improviser (ou du moins le faire croire), bousculer le bourgeois, se démarquer des vagues hippie et yéyé, aller à l’encontre des compositions bien léchées des Beatles et autres rockers cravatés, permanentés et parés comme des perroquets chatoyants du moment était franchement audacieux.
Être les voyous, les mauvais garçons du style.
C’était franchement réussi pour l’époque mais depuis on a vu pire/mieux dans l’audace musicale.
A moins que les textes ne soient particulièrement signifiants, j’avoue ne pas avoir pris la peine de les traduire, mais j’en doute.
D’accord le public qui vient le voir ne s’attend pas à l’entendre chanter des vers de douze pieds, pas besoin d’être Ronsard ou Baudelaire ni même Brassens pour galvaniser les foules.
Pour ce qui est de sa voix, c’est un genre. Chanter rauque, par choix ou parce qu’on a tout simplement cette voix là peut plaire. Cela peut même apporter de la consistance aux textes et à la musique. C’est une personnalité musicale. Je ne m’attendais pas à écouter Pavarotti mais ça pourrait au moins ne pas déraper les trois quart du temps.
A mon goût c’est de la musique de vieux motards nostalgiques perclus de rhumatismes.
Pour moi, Le King était novateur, Bill Haley et les Comets, Gene Vincent, Vince Taylor étaient novateurs. Je ne reconnais à Motörhead que d’avoir innové dans la distorsion.
* Les lumières.
Quand j’ai vu la débauche de spots, je me suis dit ça va donner… Et bien non, là encore, aucune originalité. Je ne vais pas dire que c’est statique, il ne faut pas pousser non plus, mais hormis quelques incursions dans le public aux moments forts et à un seul et unique effet vert pendant le solo de batterie, ça passait en boucle sur trois couleurs, pas particulièrement en rythme d’ailleurs. Vu l’infrastructure du Zénith on pouvait s’attendre à mieux.
A noter qu’il n’y a aucun effet pyrotechniques. Je me demande si Lemmy n’est pas allergique à la fumée.
* Le public. Puisqu’il est là me direz-vous c’est qu’il aime.J’imagine qu’il y a peu de gens néophytes comme moi qui viennent à l’aventure uniquement pour se faire une idée.
Venir se défoncer au gros son ne me surprend pas, c’est exactement ce que je fais depuis 15 ans pour ne plus avoir mal à l’âme, ça vaut toutes les cigarettes rigolotes des jardins de Marie Jeanne. Mais là ça nuit à la musique. On ne plane plus, on est pulvérisé.
Tout est saturé, déformé, inaudible, douloureux.
Je ne me suis pas postée à la sortie pour observer les gens qui sortaient mais je parierais bien qu’ils devaient tituber. C’est un choix, je comprends, mais ce n’est pas ma came.
* Les autres musiciens. Le batteur rien à dire, il assure, même si je le mets en boite en le comparant à Portnoy. Rien à voir, ce sont deux styles, deux façons de jouer différentes. Les batteurs me fascinent donc je ne peux pas trop juger.
Pour ce qui est du guitariste lead c’est franchement lui qui fait le show. Il bouge bien, communique avec le public, amène le chef en avant tout en assurant bien son rôle. Un bon musicien. Vraiment.
* Le son. Voilà le gros du problème. Jouer trop fort n’a jamais été un gage de qualité.
C’est certainement un parti pris pour « hypnotiser », saouler le public, sur ce plan c’est parfaitement réussi, mais en aucun cas ça ne met en valeur les compositions.
Pour preuve : est-ce que vous-même écoutez MOTÖRHEAD le volume à fond sur vos platines ?
Un mur de Marshal en fond de scène c’est franchement ridicule. Ces musiciens jouent « aux retours » comme tous les musiciens.
Je peux vous assurer qu’il est physiologiquement impossible de supporter pendant toute une vie de spectacle le son infligé à la salle. Personne ne peut résister aux décibels d’un réacteur d’avion au décollage derrière soi pendant deux heures.
Les sondiers portent un casque, pas fous les gars. Le batteur aussi.
Le son balancé en salle était celui de la colonne d’enceintes de chaque côté de la scène.
Je ne dis pas que les enceintes sur le plateau sont factices mais je suis persuadée que ce ne sont pas elles qu’on entend dans la fosse.
Un son trop fort tue la musique. A ce niveau là ça devient juste du bruit.
Set List Skew Sisikin
Shake Me
B4
Shoot Out Your Lights
Ridin`With The Devil
Jesus Of Cool
Living On The Redline
We`re An Institution
Hit You Harder
If The Walls Could Talk
Set list Motörhead
Snaggletooth
Stay Clean
Be My Baby
Killers
Metropolis
Over The Top
One Night Stand
I Got Mine
Tradegy
Sword of Glory
Chase Is Better Than The Catch
Rosalee
Sacrifice (+ solo Mikkey)
Just Cos You Got The Power
Going To Brazil
Killed By Death (+ solo Phil)
Iron Fist
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Whorehouse Blues
The Ace Of Spades
Overkill